Réflexions

Nos réflexions martiales, nos billets d'humeurs, nos écrits ...

Prendre en charge sa propre formation

Même si l'enseignant est très dévoué et donne son maximum pour transmettre ; attendre que l'on nous serve tout sur un plateau d'argent n'est pas la solution.

Il convient de se prendre en charge pour évoluer dans sa pratique et franchir peu à peu des caps.

Chacun n'a pas les mêmes objectifs ni le même temps à consacrer aux entraînements ; et de ce fait, des décalages énormes se font sentir entre personnes ayant débutées au même moment.

A chacun de définir son rythme de croisière selon ses aspirations qui d'ailleurs peuvent évoluer dans le temps.

Il y a aussi des choses que l'on ne saisit pas au début et qui se révèlent peu à peu, car l'Aïkido est bon pour la santé physique et mentale, ainsi que son développement spirituel.

Ceci n'est pas toujours perçu par les individus même après de longues années de pratique ; car notre discipline est comme un iceberg avec des choses évidentes en surface et d'autres en profondeur à aller chercher sans que personne ne nous y oblige.

Se prendre en charge, c'est aller faire des choses en plus que le quotidien au dojo de son club offre. Se confronter à d'autres partenaires et enseignants dans les clubs voisins est une des possibilités, faire des stages avec des experts également et nous propulse à un autre niveau de conscience. Il est bien de faire du travail personnel en maniant les armes dans la nature par exemple, en lisant des textes ou livres procurant une culture plus vaste de notre art, visionner des vidéos en sélectionnant bien ses experts peut nous aider même si à un moment donné il faudra bien l'expérimenter avec son corps …

En résumé, je dirai soyons acteurs et non passifs sur cette voie de l'Aïkido qui s'offre à nous et qui recèle tant de trésors.

Philippe Gayraud alias "Phil-Harmonie" 

24-11-2023

"des choses évidentes en surface
et d'autres en profondeur à aller chercher"

Je ne suis qu'un simple prof de quartier ...

Loin des grands Senseis, des grands techniciens, des professionnels, je ne suis qu'un simple prof de quartier.

Et je veux rendre hommage à tous ces simples profs, qui cours après cours, saison après saison donnent les bases de notre art aux débutants avec un ascétisme remarquable. Seule la passion les anime ; elle est leur moteur avec l'envie de partage aussi car l'Aïkido est une grande aventure humaine.

Ainsi, au cours du temps des liens se tissent, l'enseignant et ses élèves grandissent ensemble ; et cette quête n'a pas de fin. Loin des élites, l'argent ne fait rien à l'affaire ; seul le plaisir de la découverte sans cesse renouvelée est au centre des débats.

"Au cours du temps des liens se tissent, l'enseignant et ses élèves grandissent ensemble ; et cette quête n'a pas de fin."

Avant de pratiquer l'Aïkido, j'ai commencé par un sport collectif ; le football qui m'a apporté d'autres joies et sensations. Dans ce genre de discipline, si la base est forte, les divisions supérieures montent de niveau jusqu'à l'élite sommet de la pyramide. Et j'ai le regard plein de tendresse envers mes premiers entraîneurs eu égard à leur dévouement .

Ils ont planté une graine pour faire l'adulte et le coach que je suis aujourd'hui. Gratitude pour ces moments faits de défaites et de victoires très formateurs. Si le haut niveau est la vitrine d'une discipline, la base est tout aussi importante dans sa mission première.

Mesdames, Messieurs les petits profs un grand merci à vous !

Philippe Gayraud alias "Phil-Harmonie" 

17-5-2022 

Une vision bien plus ambitieuse du Budo, que le simple côté technique.

L'Aïkido comme une thérapie

Art de défense ? Certes, mais pas que …

L'Aïkido est un iceberg, intéressons nous plutôt à ce que le fondateur Morihei Ueshiba nous a légué en profondeur. Il est tout d'abord bon pour notre santé sur le long terme (souplesse du corps, coordination, agilité etc.).

 

Un outil de développement personnel

Il nous met socialement en relation : porte vers la communication. De ce fait, il nous ouvre à la tolérance ; nous pousse à accepter l'autre dans sa différence et cela devient un véritable outil de développement personnel . L'aspect martial nous conduit à la résolution du conflit par la pacification des deux protagonistes . Il y a la rencontre, la fusion dans un mouvement harmonieux et sortie de crise amenant l'agresseur à réfléchir sur l'inutilité se sa violence . En canalisant cette violence inhérente à chaque être humain, le pratiquant change peu à peu sa psyché pour devenir une personne plus aboutie, dans l'accueil et la bienveillance envers l'autre.

 

Tomber le masque social

Ainsi au fil du temps, ce dernier devient un être plus authentique qui se révèle aux autres tel qu'il est vraiment, sans artifice et surtout sans nécessité d'utiliser cette violence pour exister. Le fait de mieux maîtriser la gestuelle des techniques de défense apporte la confiance en soi. L'individu se détend peu à peu et sa pratique devient plus subtile.

D'autre part, son comportement dans la vie quotidienne change faisant de lui un autre citoyen évitant les sources de conflit pouvant exprimer une idée différente de l'autre sans sortir de ses gonds.

 

Une thérapie individuelle et collective 

L'individu prenant en charge sa pratique devient ainsi son propre thérapeute en travaillant en conscience sur ses failles et en affrontant ses peurs. Cela lui évitera sans doute de nombreuses séances de psychanalyse quelquefois infructueuses car ne se limitant qu'au mental. En faisant travailler son corps ; il y a une approche progressive subtile énergétique et en profondeur. Ainsi s'opère sur le long terme une transformation positive pour soi, pour l'autre, pour la société toute entière. 

Nous faisons pénétrer en nous d'autres dimensions, chemin vers la spiritualité chacun à son propre rythme.

 

Bienvenue à l'Aïkido, art de la Paix, comme une thérapie !

 

Philippe Gayraud     
21-11-2021

L'Aïkido pour tous ?!

Petite réflexion suite à mon stage estival de juillet dernier...


Nous avons tous un seuil de capacité physique et intellectuelle; un seuil de tolérance.

De ce fait lorsque nous pratiquons, il me semble que nous devons jauger rapidement ce que le partenaire peut produire.
Celui qui est le plus en capacité doit aider l'autre à grandir en se mettant à son service avec beaucoup de respect et d'amour pour cet autre qui ne demande qu'à apprendre et grandir.
Se montrer tel une élite inaccessible et un brin arrogant ne sert pas notre art. Cela est même contre productif, sachant que nous avons choisi une discipline sans compétition.
Si un champion de tennis nous envoie les balle à son niveau ; il ne peut y avoir d'échange.
Par contre, s'il se met à notre place et peu à peu hausse notre niveau de jeu, il ressortira grandi lui aussi de ce moment.
J'ajoute aussi que nous devons préserver l'intégrité physique de notre partenaire.

Hausser le niveau au delà de ses capacités augmente le risque de blessure.
Quelle gloire pouvons nous tirer d'une telle expérience !
Et souvenons nous que I'autre a peut être des connaissances dans d'autres domaines et qu'il peut aussi bien nous ridiculiser.
Sachons donc envisager tous les êtres que nous croisons avec le même respect, le même amour !

Philippe Gayraud
juillet 2021

" aider l'autre à grandir en se mettant à son service avec beaucoup de respect et d'amour "

Faire, c’est mieux que dire.  

"On va commencer par faire, et après on verra ."

Cette petite phrase qu’énonce Raoul Bender, un soir, lors d’un de ses "visios" raisonne au fond de notre tête. Avec la situation difficile, c’est l’une des choses qui différencie les uns, des autres. Ceux qui font et ceux qui ne font pas.

Tandis que certains le regardait par le trou de la serrure, en le prenant pour un illuminé (c’est vrai qu’il renvoie de la lumière), il a réussi à nous encourager à maintenir l'entraînement, à prendre soin de notre corps, à nous écouter les uns et les autres en faisant intervenir différentes personnes et à nous écouter nous-même ! 

Chaque jour, ce senseï (traduisez par « celui qui montre la voie ») programmait des rencontres live, sous le nom des " Rendez-vous de Raoul ", pour les pratiquants et non pratiquants d’Aïkido. Pourquoi ? Comme ça, pour faire !

Alors, faisons ! Pratiquons ! Partageons ! 


"Le fer se rouille, faute de s'en servir, l'eau stagnante perd de sa pureté et se glace par le froid. De même, l'inaction sape la vigueur de l'esprit."

Leonard De Vinci

Procrastiner ou faire ?

Samouraï des temps modernes.


La voie du Senseï marchant sur le sable


Sur le sable, en forêt, ou au dojo
Qu’il vente, qu’il pleuve, ou qu’il fasse beau
Le senseï travaille toujours en silence.
Certains élèves grimacent, ne se rendent pas compte de leur chance.

Vingt, dix ou un élève, toujours le même intérêt.
Une petite absence, une frappe, « t’étais pas prêt ! »
Un ton dynamique et bienveillant,
Motiver le groupe pour qu’il se donne à cent pour cent.

Au dojo il n’aime pas trop qu’on bavarde,
Mais même armé il reste un bon camarade.
Autour d’un verre, ou sur un tatami,
Tant de chose à transmettre à son tas d’amis.

Un dojo sans chauffage, mais un air chaleureux.
Une mission à continuer.
L’objectif : canaliser la violence, rendre les gens heureux
et des relations pacifiées

Se relever après avoir posé le genou à terre .
Le flambeau est plus lourd qu’il n’en a l’air.
Le partage d’une passion en commun.
Armés différemment mais sur un même chemin !

Vincent Gayraud
avril 2021

 

Ecrit d'un fils à son père.

 


Pour plus de réflexions martiales :

 

Ecrit d'un père à son fils.

Petit "Doshu"

deviendra grand ...


J'ai planté une graine.
Tu as pris ton envol,
construit sur l'amour et rejetant la haine.!
A présent bien ancré et solide au sol.

Merci de ta confiance,
de nos échanges d'idées.
Ici point de défiance,
de la complicité.

Ayant ouverts nos coeurs, ayant ouvert la porte.
Passant le témoin d'une génération,
rendant l'autre plus forte.
Mélangeant l'ancien, le nouveau : régénération.

C'est le souffle de vie,
un courant naturel.
De joie je suis rempli,
juste élan paternel.

La route est grande ouverte.
Laisses-y ton empreinte.
Continue ta recherche, tes belles découvertes.
Que de ton passage le monde se teinte !

Sans vanité, sans gloire,
exprime qui tu es ;
et redonne l'espoir
à tous les opprimés.

Petit "Doshu" devenu grand, de notre dojo, je te donne la clef !


Philippe Gayraud dit "Phil-Harmonie"
06-33-2021 

La pratique solitaire 

L'entraînement ne peut avoir lieu qu'après apprentissage (sinon il s'agit d'expérimentation) et l'apprentissage n'a nul utilité s'il n'est pas suivi de l'entrainement.

 

Autrement dit après avoir reçu moultes consignes, instructions, conseils techniques, il est temps de passer à la pratique.

 

La pratique ne se fait pas que lors des séances hebdomadaire

On doit pouvoir s'entrainer correctement dans sa salle de sport ou son dojo, mais pas que... loin de là. Le musicien ne révise t-il pas ses gammes chaque soir chez lui s'il désire voir une progression ? Les fondements bien bâtis ne permettent-ils pas de construire une belle maison. Il s'agit ici de la même chose : travailler les fondations, en solitaire.

Vous allez sûrement me dire que l'aïkido se pratique à deux et vous avez totalement raison. Le foot se joue à 11, et pourtant chacun peut s'entrainer seul. En judo on appelle cela Tandoku Renshu.

 

Il est de notre ressort de trouver l'outil qui saura nous faire progresser. Les boxeurs disposent généralement de punching ball, les karatéka de makiwara, les pratiquants de wing chung un mannequin en bois, les pratiquants de sabre des nattes en bambou a trancher, etc...


Nous pouvons nous retrouver dans cette idée de pratique en solitaire. Même face à un miroir, tel les danseurs, ou qu'on peut voir dans certaines salle de pratiques martiales, (attention cela pourrait devenir mauvais pour l'égo !), on peut travailler sa posture par exemple.

L'aïkido étant une discipline qui requiert de la souplesse et des gestes naturels sans force il est envisageable de les travailler chaque jour.

Se placer face à un miroir pour vérifier l'état de notre colonne face a tel mouvement, tel déplacement, telle torsion.

S'asseoir en seiza régulièrement permet bon nombre de choses dans l'organisme mais aussi une habitude a s'ancrer au sol ... même s'il faut également apprendre à être léger et discret comme un chat. Tentez ainsi de faire le moins de traces possible lorsque vous marcher pieds nus sur le sable. Les traces ne sont que très faiblement impactées par votre poids.


Enfin nous disposons d'arme en bois, ou réelles pour progresser. Réviser un enchaînement de techniques de jo, des suburis (exercice sous forme de coupe) au bokken en bois ou au sabre, pour aiguiser ses sens et travailler les détails un à un. En vous rappelant des consignes de votre enseignant.

 

La pratique ne se fait pas non plus de manière machinale

La répétition est une des clés de l'apprentissage mais celle-ci doit être intelligente et réfléchie. Pourquoi tel mouvement ? Fais je le bon mouvement ? Comment gagner en efficacité ? Comment économiser les gestes ? Ce sont des questions qu'il est bon de se poser lorsqu'on pratique à la maison, dans un bois, sur la plage ou encore au dojo. Attention, n'allez pas, tout de même, interrompre votre enseignant toute les cinq minutes ! Certaines choses se ressentent mais sont difficile à expliquer. D'autres viendront avec le temps.

 

Travailler "dans le vide" avec des attaquants imaginaires n'est pas dénué de sens. C'est ce qu'on fait lorsqu'on pratique un kata de karaté ou aux armes par exemple. Néanmoins, il ne faut pas oublier que la pratique passe par l'expérimentation avec l'autre, toujours dans une optique de progression et de ne pas se voiler la face. Certains mouvements sont quasiment impossible à réaliser en situation réelle.

Se dépasser, même seul.

La pratique doit être large et variée

Finissons avec d'autres pistes de réflexion. L'aïkido est une discipline riche, comme tout art martial, et requiert bon nombre de compétences pour être pratiqué correctement. Il y a quelques décennies, nous apprenions que les nageurs avaient de biens meilleurs résultats en sortant de l'eau et en passant des heures en salle de musculation. Autrement dit, même dans une situation qui a l'air écartée du sujet, nous pouvons progresser. Il serait bon alors de travailler sa coordination par d'autres pratiques sportives, travailler ses sens en forêt par exemple, ressentir les masses autours de nous, travailler le cardio avec un jogging matinal de temps à autre, marcher correctement en déplacement tout son corps, avec de l'intention, mais sans effort en préservant sa posture et sa droiture, se placer correctement dans un lieu, à l'écart du danger, savoir observer les gens, anticiper les querelles possibles pour peut-être les annuler au plus vite ou les éviter. C'est selon moi le cœur des arts martiaux. A l'image du secourisme, il vaut mieux connaître les gestes qui sauvent en espérant ne jamais en avoir recours.

 

Pour conclure la pratique martiale, pour être optimisée doit se faire :


Vincent Gayraud

2019

L'utilité de Kokyu Nage


 

La notion de respiration me parait intéressante. On peut parler là de la respiration de la technique comme de l’élasticité de celle-ci, l’élasticité des deux corps qui rentrent en relation dans la technique d’Aïkido. En effet les corps et ses différentes composantes vont être sollicités et en perpétuel mouvement durant l’ensemble de la technique. C’est ainsi qu’intervient le déséquilibre pour l’un et le contrôle de la situation pour l’autre, si le mouvement est correctement effectué. On peut comprendre la notion d’élasticité de la technique en voyant les deux personnes comme deux aimants s’attirant puis se repoussant à différents moments. Cela pourrait se percevoir sur l’ensemble des techniques martiales.


Là où vient la force de Kokyu Nage et l’intérêt de sa pratique c’est que le plus souvent cette technique s’imprime sur l’attaque d’Uke. Même si l’ensemble des techniques d’Aïkido doivent pouvoir se réaliser dans cette optique, je trouve que Kokyu Nage répond d’avantage à ce principe Aïki qui est de ne pas opposer la technique à l’assaillant mais de la voir  comme la continuité de son attaque. Il devient alors évident qu’une attaque précise et franche (c'est-à-dire désirant atteindre un but et contraignant Tori ; pas forcément rapide mais constante) sera indispensable pour la réalisation de cette projection. Cette catégorie de technique, car il existe beaucoup de variantes du Kokyu Nage, est donc un bon outil pédagogique pour Uke mais aussi Tori.


Etre au cœur du mouvement, sans heurt

Sa pratique en ressortira certaines qualités :

D’un point de vu martial, une meilleure attaque et une meilleure adaptation à celle-ci ainsi qu’un panel technique supplémentaire. Pratiquer Kokyu Nage nécessite relâchement et précision.

D’un point de vu physique elle permet une forme olympique ! Pratiquée intensément, dû à sa rapidité et à son rythme d’exécution, Kokyu Nage permet la réalisation d’un nombre important de projections en un temps imparti plutôt court (cela en fait une prise potentiellement dévastatrice).

Enfin d’un point de vue social et humain, Kokyu Nage oblige les deux partenaires à travailler ensemble dans une même optique de progression continue. Tori devant s’adapter à Uke et inversement.


Vincent Gayraud

2016