Nos réflexions martiales, nos billets d'humeurs, nos écrits ...
Apprendre et transmettre…
Apprendre est une joie. Il est toujours possible de s’améliorer même sur des sujets nous semblant inabordables. Apprendre c’est aussi sortir de sa zone de confort, se surprendre… Apprendre, c'est, par le biais de l'étude ou de la pratique, acquérir un savoir-faire utile. Transmettre, c'est communiquer ce savoir. C’est donner quelque chose que l'on a reçu à quelqu'un afin d'assurer une continuité et de créer des liens entre les générations.
Pourquoi enseigner ?
Quand j'ai débuté l’Aïkido, j'étais timide, nerveux et je n'avais aucune confiance en moi. J'ai ressenti que cette discipline était celle d'une vie. C'est à mon sens un axe de développement personnel dépassant le simple apprentissage d'un art martial. L'éducation paternelle m'a aussi vite fait comprendre que les générations devaient se compléter et non s'affronter. Mon père, ancien militaire, me parlait du bonheur des anciens dans la transmission d'un savoir, et quand venait l'heure de la retraite, du sentiment d'avoir accompli son devoir en passant le flambeau au plus jeune qui comprenait alors la valeur du symbole. Je retrouve cette éducation en pratiquant l'Aïkido, discipline qui se veut intergénérationnelle. L'ancien, celui qui sait, a de la valeur aux yeux des jeunes débutant l'apprentissage de la discipline.
Une place pour chacun
L'envie de transmettre est une chose, s'autoriser à le faire en est une autre. Même si j'avais au fond de moi cette envie qui m'animait, la question de la légitimité s’est vite posée. Considérant les arts martiaux avec respect, je me disais que c'était plutôt osé de ma part de relever ce défi. En voyant autour de moi tant de gens compétents et talentueux, je ne me sentais pas légitime. J'ai fini par me décomplexer en voyant que dans les sports collectifs il y avait des coachs pour des équipes d'élite et d'autres pour les amateurs éclairés. Chacun ayant la même passion chevillée au corps, il peut donc y avoir de la place pour tous.
Déclencher des vocations
Des vocations couvant sous cendres peuvent se révéler de manière imprévue, par exemple lorsqu’un professeur est temporairement absent. Dans ce cas, le besoin immédiat de pérenniser le club va faire franchir le pas à certains, pour le plus grand bien de la collectivité. Se retrouver dans une région où notre discipline n'est pas représentée, où le club le plus proche est très éloigné peut également susciter l'envie d'enseigner et d'ouvrir une section.
Il existe aussi des gens à fort potentiel qui ne désirent pas enseigner. On peut trouver cela dommage, mais c'est ainsi. Les meilleurs technicien d’une discipline sportive ne sont pas tous en capacité de transmettre, ni de faire passer des messages. Quelquefois une personne d'un niveau moindre a pour elle le sens de la pédagogie et peut faire de l'excellent travail. En somme il faut se sentir appelé par l'envie de partager.
Le problème de la transmission...
Pour transmettre, il faut deux protagonistes, comme dans notre pratique : Tori et Uke. On pourrait dire un émetteur et un récepteur, avec une confiance réciproque. Pour recevoir un enseignement, il faut être « enseignable ». C’est-à-dire accepter de ne pas savoir et avoir l'humilité nécessaire pour chaque étape. Cela paraît plus simple pour un vrai débutant qui recevra plus facilement le message que quelqu'un qui a déjà une expérience et qui est peut-être “formaté”.
S’adapter, s’harmoniser
S'adapter à la nouveauté n’est pas aisé lorsqu’on a déjà été formé. Ceci est d'autant plus vrai si l'enseignant est bien plus jeune que « l'enseigné » car un conflit de générations peut apparaître, même inconsciemment. Tout est donc question d'attitude d'un côté comme de l'autre, ce qui met une fois de plus l'harmonie au centre du débat. Les générations doivent se compléter. Notre art recense différents courants et c'est bien normal qu'à travers le temps et les hommes qui passent, il y ait des choses et des idées qui évoluent tout en gardant une base, un socle solide prenant sa source au même endroit. Cette complémentarité intergénérationnelle est d’une richesse indéniable.
La filiation
Transmettre, c'est une filiation, le Doshu l’illustre parfaitement. Nombreux sont les exemples où, dans le sport ou un art, les enfants suivent les traces de leurs parents. Et tout logiquement, l'entourage ne peut s'empêcher de faire des comparaisons. Les descendants d'artistes ou de sportifs renommés reconnaissent aisément que le plus difficile est de se faire un prénom, et que porter tel ou tel nom n'est pas forcément un avantage, car on attend beaucoup d'eux. Il y a comme une pression à dépasser. Suivant les individus, cela peut stimuler ou créer des difficultés.
Ce fut un grand bonheur lorsque mon fils, alors âgé de dix ans, voulut faire ses premiers pas en Aïkido dans le cours que j’animais. Les années passant, j'ai pu l'amener au Shodan puis au Nidan. Il est à son tour enseignant, Sandan et pratiquant de Karaté entre autres. J'ai planté une graine et celle-ci a poussé. Un peu grâce à moi, mais surtout parce qu’il a su trouver sa propre identité et développer sa vision. Comme le dit l’adage : « l'élève a dépassé le maître », ce qui est pour moi une grande fierté. Ceci n'est bien sûr qu'une expression, car je n'ai rien d'un maître !... J'essaye juste d'être un enseignant honnête, un artisan. À présent nous échangeons tous deux sur les différentes pratiques de l'Aïkido et de l'évolution de notre art et c’est une grande joie pour moi.
Qui enseigne quoi ?
Il est certain que d'avoir des élèves permet d'évoluer car ils vous poussent souvent dans vos retranchements. Il faut dès lors revisiter les techniques, les approfondir et passer un autre cap. Ainsi, on ne sait plus très bien qui enseigne qui... On apprend beaucoup sur soi-même par la transmission. Les rôles deviennent interchangeables ; dès que l'on arrive en stage, on redevient élève et c'est une bonne chose de pouvoir vivre les deux rôles. On revient enrichi en ouvrant d'autres pistes de réflexion. L'Aïkido est un véritable laboratoire de recherche permanent et cela doit nous stimuler au lieu de nous décourager, sachant qu'on n'en fait jamais vraiment le tour.
L'enseignant est celui qui au-delà de l'apprentissage des techniques apprend à l'élève à développer un savoir-faire, un savoir-être conduisant à l'autonomie devenant ainsi son propre enseignant et définissant ses propres objectifs.
Comment enseigner ?
On dit qu'un club d'Aïkido c’est un peu comme une famille.
Cependant, j'ai souvent entendu lors d'écoles des cadres qu'il ne fallait pas tomber dans l'affect lorsqu'on enseignait. Je ne puis m'y résoudre ! Je pense qu'un cours doit être joyeux et détendu. Cela n'empêche pas une certaine discipline, mais sans les barrières. Pour moi l'enseignant doit rester abordable. Il est ainsi plus facile de communiquer et de repérer les besoins de chacun.
Le discours et la manière d'aborder les thématiques doivent s'adapter à l'individu. Ainsi certains seront plus dans l'apprentissage global et d'autres dans l'analytique. Il convient bien sûr de passer de l'un à l'autre dans un même cours.
De même, il est bon de faire comprendre, en l'expérimentant, que tout peut mieux se passer dans le silence et l'observation. Les sociétés modernes tendent à couper les individus de leur corps et de leurs ressentis, en privilégiant le mental. En redonnant vie à leurs cinq sens, les pratiquants découvrent l'aspect bien-être de l’Aïkido. Cela permet parfois de redécouvrir la paix en soi, et de cultiver des valeurs de respect de l'humain. C’est naturellement que cela amène peu à peu les pratiquants à devenir ambassadeurs de cette paix.
Technique et comportement sont un héritage qu'il convient de soigner afin que les choses ne se perdent pas au fil du temps. L'enseignant se doit de garder sa motivation intacte, ce qui n'est pas toujours évident, car tirer les autres vers le haut finit par être usant. Il s'agit d'être constant année après année, de faire preuve d'assiduité et de la communiquer. Les sportifs de haut niveau le savent bien ; accéder à un niveau d’élite demande beaucoup d'efforts, mais rester au plus haut niveau est encore plus difficile. Dépourvu de compétition, orienté vers l’étude et non vers la performance, il est plus facile de durer dans le temps au sein de l’Aïkido.
Enseignez !
Alors, si certains ressentent cet élan d'enseigner, de transmettre, je les invite à sauter le pas, même si tout ne se met pas en place du jour au lendemain. Tout n'est qu'expérience, on ne peut donc pas échouer... Pour que notre art perdure, des relais sont nécessaires en la personne des anciens qui dans un élan de confiance mutuelle guideront les nouveaux.
Certes nous avons connu des années plus fastes en termes de licenciés. Si en ce moment, c'est un peu le creux de la vague, un nouveau cycle plus prospère finira par arriver. Le plus difficile est de faire comprendre nos spécificités et nos valeurs au grand public et de faire cohabiter les bénévoles avec les professionnels de la discipline.
Philippe Gayraud 2024
Article pour le Magazine Dragon special Aïkido
Un voyage au Japon
Le 8 Juillet dernier, je décollais pour ce pays pleins de mystères et rêvé depuis des années. Voici désormais de brèves explications de ce beau projet de trois semaines.
Ce voyage organisé fut superbement ordonné du ticket de transport au repas dans les hauteurs de Tokyo en passant par les commandes d'armes d'entrainement. Le groupe étant divisé en sous-groupe, je me retrouvais avec pour guide Isseï Tamaki, expert en Aïkido.
Nous avons pu visiter bon nombre de temples, de musées, voir de somptueux paysages et bien sûr nous entrainer auprès des plus grands maitres. La plupart de nos cours avaient lieu dans le majestueux Butokuden de Kyoto. Apres plusieurs visites culturelles le matin dans cette ville très préservée, nous passions nos soirées à décortiquer les mouvements et à étudier la technique martiale.
Entrainement sur la plage de l'île de Miyajima, celèbre pour son Tori dans l'eau...
... un rêve de gosse
Le Japon est vaste et les coins ne se ressemblent pas. Par exemple nous avons pu passer deux jours à Kinosaki, station thermale réputée pour ses Onsen (bains publiques situés sur une source d'eau chaude naturelle), ainsi que visiter Kamakura qui donne sur l'Océan Pacifique. L'eau y est aussi chaude que le climat général du pays. La température de ce mois de juillet n'a pas baissée en dessous de 34°C et l'humidité y est constante.
Dans un autre registre, les visites des lieux emblématiques comme le château d'Himeji ou le sanctuaire Fushimi Inari avec ses 10 000 Toris restent des moments forts. Il y avait également Nara et ses daims en liberté ou encore Sanjusangendo : un temple refermant 1001 statuts bouddhiques, et disposant d'une longue cours. Depuis des siècle cet espace accueille un concours de tier à l'arc ressemblant les meilleurs archers du Japon.
La ville de Tokyo renferme de nombreux trésors historiques mais aussi des marchés pleins de vies, de minuscules restaurants, ou des grandes salles d'arcades et de karaoké. En effet les japonais connaissent aussi les joies de la convivialité même s'ils sont très calmes, respectueux, délicats.
Nous avons pu assister à des cours de Kawabe Takeshi, instructeur en chef du Daïto Ryu (ancetre de l'Aïkido), Yamamoto Takahiro responsable d'une école de Kenjutsu mais également de Akuzawa Minoru ou Hino Akira etudiant tous les deux le corps et sa biomécanique, sans ouliber Royama Hatsuo du Karaté Kyokushinkai et Otsuka Hironori petit-fils du fondateur du Karaté Wado Ryu. Tous ne sont pas cités, nous pourrions en parler durant des heures. Bien qu'ayant une technique différente, une utilisation du corps spécifique, tous démontrèrent que la pratique martiale permet de bien vieillir et de se développer spirituellement.
Enfin, ce voyage fut l'occasion de très belles rencontres et d'échanges avec des passionnés d'arts martiaux et de la culture nipponne. Les okonomiyaki grillés devant les clients, les succulentes sobas ou encore les desaltérants verres d'umeshu sont d'excellents mets fédérateurs !
Ces trois semaines resteront dans ma mémoire et renforcent mon ambition de continuer dans cette merveilleuse voie. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à venir vers moi pour en discuter de vive voix, cet article se veut volontairement très léger !
Vincent
Prendre en charge sa propre formation
Même si l'enseignant est très dévoué et donne son maximum pour transmettre ; attendre que l'on nous serve tout sur un plateau d'argent n'est pas la solution.
Il convient de se prendre en charge pour évoluer dans sa pratique et franchir peu à peu des caps.
Chacun n'a pas les mêmes objectifs ni le même temps à consacrer aux entraînements ; et de ce fait, des décalages énormes se font sentir entre personnes ayant débutées au même moment.
A chacun de définir son rythme de croisière selon ses aspirations qui d'ailleurs peuvent évoluer dans le temps.
Il y a aussi des choses que l'on ne saisit pas au début et qui se révèlent peu à peu, car l'Aïkido est bon pour la santé physique et mentale, ainsi que son développement spirituel.
Ceci n'est pas toujours perçu par les individus même après de longues années de pratique ; car notre discipline est comme un iceberg avec des choses évidentes en surface et d'autres en profondeur à aller chercher sans que personne ne nous y oblige.
Se prendre en charge, c'est aller faire des choses en plus que le quotidien au dojo de son club offre. Se confronter à d'autres partenaires et enseignants dans les clubs voisins est une des possibilités, faire des stages avec des experts également et nous propulse à un autre niveau de conscience. Il est bien de faire du travail personnel en maniant les armes dans la nature par exemple, en lisant des textes ou livres procurant une culture plus vaste de notre art, visionner des vidéos en sélectionnant bien ses experts peut nous aider même si à un moment donné il faudra bien l'expérimenter avec son corps …
En résumé, je dirai soyons acteurs et non passifs sur cette voie de l'Aïkido qui s'offre à nous et qui recèle tant de trésors.
Philippe Gayraud alias "Phil-Harmonie"
24-11-2023
"des choses évidentes en surface
et d'autres en profondeur à aller chercher"
Espece menacée : le bénévole des milieux associatifs
Une réflexion menée par un internaute, que nous partageons.
Je ne suis qu'un simple prof de quartier ...
Loin des grands Senseis, des grands techniciens, des professionnels, je ne suis qu'un simple prof de quartier.
Et je veux rendre hommage à tous ces simples profs, qui cours après cours, saison après saison donnent les bases de notre art aux débutants avec un ascétisme remarquable. Seule la passion les anime ; elle est leur moteur avec l'envie de partage aussi car l'Aïkido est une grande aventure humaine.
Ainsi, au cours du temps des liens se tissent, l'enseignant et ses élèves grandissent ensemble ; et cette quête n'a pas de fin. Loin des élites, l'argent ne fait rien à l'affaire ; seul le plaisir de la découverte sans cesse renouvelée est au centre des débats.
"Au cours du temps des liens se tissent, l'enseignant et ses élèves grandissent ensemble ; et cette quête n'a pas de fin."
Avant de pratiquer l'Aïkido, j'ai commencé par un sport collectif ; le football qui m'a apporté d'autres joies et sensations. Dans ce genre de discipline, si la base est forte, les divisions supérieures montent de niveau jusqu'à l'élite sommet de la pyramide. Et j'ai le regard plein de tendresse envers mes premiers entraîneurs eu égard à leur dévouement .
Ils ont planté une graine pour faire l'adulte et le coach que je suis aujourd'hui. Gratitude pour ces moments faits de défaites et de victoires très formateurs. Si le haut niveau est la vitrine d'une discipline, la base est tout aussi importante dans sa mission première.
Mesdames, Messieurs les petits profs un grand merci à vous !
Philippe Gayraud alias "Phil-Harmonie"
17-5-2022
Une vision bien plus ambitieuse du Budo, que le simple côté technique.
L'Aïkido comme une thérapie
Art de défense ? Certes, mais pas que …
L'Aïkido est un iceberg, intéressons nous plutôt à ce que le fondateur Morihei Ueshiba nous a légué en profondeur. Il est tout d'abord bon pour notre santé sur le long terme (souplesse du corps, coordination, agilité etc.).
Un outil de développement personnel
Il nous met socialement en relation : porte vers la communication. De ce fait, il nous ouvre à la tolérance ; nous pousse à accepter l'autre dans sa différence et cela devient un véritable outil de développement personnel . L'aspect martial nous conduit à la résolution du conflit par la pacification des deux protagonistes . Il y a la rencontre, la fusion dans un mouvement harmonieux et sortie de crise amenant l'agresseur à réfléchir sur l'inutilité se sa violence . En canalisant cette violence inhérente à chaque être humain, le pratiquant change peu à peu sa psyché pour devenir une personne plus aboutie, dans l'accueil et la bienveillance envers l'autre.
Tomber le masque social
Ainsi au fil du temps, ce dernier devient un être plus authentique qui se révèle aux autres tel qu'il est vraiment, sans artifice et surtout sans nécessité d'utiliser cette violence pour exister. Le fait de mieux maîtriser la gestuelle des techniques de défense apporte la confiance en soi. L'individu se détend peu à peu et sa pratique devient plus subtile.
D'autre part, son comportement dans la vie quotidienne change faisant de lui un autre citoyen évitant les sources de conflit pouvant exprimer une idée différente de l'autre sans sortir de ses gonds.
Une thérapie individuelle et collective
L'individu prenant en charge sa pratique devient ainsi son propre thérapeute en travaillant en conscience sur ses failles et en affrontant ses peurs. Cela lui évitera sans doute de nombreuses séances de psychanalyse quelquefois infructueuses car ne se limitant qu'au mental. En faisant travailler son corps ; il y a une approche progressive subtile énergétique et en profondeur. Ainsi s'opère sur le long terme une transformation positive pour soi, pour l'autre, pour la société toute entière.
Nous faisons pénétrer en nous d'autres dimensions, chemin vers la spiritualité chacun à son propre rythme.
Bienvenue à l'Aïkido, art de la Paix, comme une thérapie !
Philippe Gayraud
21-11-2021
L'Aïkido pour tous ?!
Petite réflexion suite à mon stage estival de juillet dernier...
Nous avons tous un seuil de capacité physique et intellectuelle; un seuil de tolérance.
De ce fait lorsque nous pratiquons, il me semble que nous devons jauger rapidement ce que le partenaire peut produire.
Celui qui est le plus en capacité doit aider l'autre à grandir en se mettant à son service avec beaucoup de respect et d'amour pour cet autre qui ne demande qu'à apprendre et grandir.
Se montrer tel une élite inaccessible et un brin arrogant ne sert pas notre art. Cela est même contre productif, sachant que nous avons choisi une discipline sans compétition.
Si un champion de tennis nous envoie les balle à son niveau ; il ne peut y avoir d'échange.
Par contre, s'il se met à notre place et peu à peu hausse notre niveau de jeu, il ressortira grandi lui aussi de ce moment.
J'ajoute aussi que nous devons préserver l'intégrité physique de notre partenaire.
Hausser le niveau au delà de ses capacités augmente le risque de blessure.
Quelle gloire pouvons nous tirer d'une telle expérience !
Et souvenons nous que I'autre a peut être des connaissances dans d'autres domaines et qu'il peut aussi bien nous ridiculiser.
Sachons donc envisager tous les êtres que nous croisons avec le même respect, le même amour !
Philippe Gayraud
juillet 2021
" aider l'autre à grandir en se mettant à son service avec beaucoup de respect et d'amour "
Faire, c’est mieux que dire.
"On va commencer par faire, et après on verra ."
Cette petite phrase qu’énonce Raoul Bender, un soir, lors d’un de ses "visios" raisonne au fond de notre tête. Avec la situation difficile, c’est l’une des choses qui différencie les uns, des autres. Ceux qui font et ceux qui ne font pas.
Tandis que certains le regardait par le trou de la serrure, en le prenant pour un illuminé (c’est vrai qu’il renvoie de la lumière), il a réussi à nous encourager à maintenir l'entraînement, à prendre soin de notre corps, à nous écouter les uns et les autres en faisant intervenir différentes personnes et à nous écouter nous-même !
Chaque jour, ce senseï (traduisez par « celui qui montre la voie ») programmait des rencontres live, sous le nom des " Rendez-vous de Raoul ", pour les pratiquants et non pratiquants d’Aïkido. Pourquoi ? Comme ça, pour faire !
Alors, faisons ! Pratiquons ! Partageons !
"Le fer se rouille, faute de s'en servir, l'eau stagnante perd de sa pureté et se glace par le froid. De même, l'inaction sape la vigueur de l'esprit."
Leonard De Vinci
La voie du Senseï marchant sur le sable
Sur le sable, en forêt, ou au dojo
Qu’il vente, qu’il pleuve, ou qu’il fasse beau
Le senseï travaille toujours en silence.
Certains élèves grimacent, ne se rendent pas compte de leur chance.
Vingt, dix ou un élève, toujours le même intérêt.
Une petite absence, une frappe, « t’étais pas prêt ! »
Un ton dynamique et bienveillant,
Motiver le groupe pour qu’il se donne à cent pour cent.
Au dojo il n’aime pas trop qu’on bavarde,
Mais même armé il reste un bon camarade.
Autour d’un verre, ou sur un tatami,
Tant de chose à transmettre à son tas d’amis.
Un dojo sans chauffage, mais un air chaleureux.
Une mission à continuer.
L’objectif : canaliser la violence, rendre les gens heureux
et des relations pacifiées
Se relever après avoir posé le genou à terre .
Le flambeau est plus lourd qu’il n’en a l’air.
Le partage d’une passion en commun.
Armés différemment mais sur un même chemin !
Vincent Gayraud
avril 2021
Ecrit d'un père à son fils.
Petit "Doshu"
deviendra grand ...
J'ai planté une graine.
Tu as pris ton envol,
construit sur l'amour et rejetant la haine.!
A présent bien ancré et solide au sol.
Merci de ta confiance,
de nos échanges d'idées.
Ici point de défiance,
de la complicité.
Ayant ouverts nos coeurs, ayant ouvert la porte.
Passant le témoin d'une génération,
rendant l'autre plus forte.
Mélangeant l'ancien, le nouveau : régénération.
C'est le souffle de vie,
un courant naturel.
De joie je suis rempli,
juste élan paternel.
La route est grande ouverte.
Laisses-y ton empreinte.
Continue ta recherche, tes belles découvertes.
Que de ton passage le monde se teinte !
Sans vanité, sans gloire,
exprime qui tu es ;
et redonne l'espoir
à tous les opprimés.
Petit "Doshu" devenu grand, de notre dojo, je te donne la clef !
Philippe Gayraud dit "Phil-Harmonie"
06-33-2021
L'entraînement ne peut avoir lieu qu'après apprentissage (sinon il s'agit d'expérimentation) et l'apprentissage n'a nul utilité s'il n'est pas suivi de l'entrainement.
Autrement dit après avoir reçu moultes consignes, instructions, conseils techniques, il est temps de passer à la pratique.
La pratique ne se fait pas que lors des séances hebdomadaire
On doit pouvoir s'entrainer correctement dans sa salle de sport ou son dojo, mais pas que... loin de là. Le musicien ne révise t-il pas ses gammes chaque soir chez lui s'il désire voir une progression ? Les fondements bien bâtis ne permettent-ils pas de construire une belle maison. Il s'agit ici de la même chose : travailler les fondations, en solitaire.
Vous allez sûrement me dire que l'aïkido se pratique à deux et vous avez totalement raison. Le foot se joue à 11, et pourtant chacun peut s'entrainer seul. En judo on appelle cela Tandoku Renshu.
Il est de notre ressort de trouver l'outil qui saura nous faire progresser. Les boxeurs disposent généralement de punching ball, les karatéka de makiwara, les pratiquants de wing chung un mannequin en bois, les pratiquants de sabre des nattes en bambou a trancher, etc...
Nous pouvons nous retrouver dans cette idée de pratique en solitaire. Même face à un miroir, tel les danseurs, ou qu'on peut voir dans certaines salle de pratiques martiales, (attention cela pourrait devenir mauvais pour l'égo !), on peut travailler sa posture par exemple.
L'aïkido étant une discipline qui requiert de la souplesse et des gestes naturels sans force il est envisageable de les travailler chaque jour.
Se placer face à un miroir pour vérifier l'état de notre colonne face a tel mouvement, tel déplacement, telle torsion.
S'asseoir en seiza régulièrement permet bon nombre de choses dans l'organisme mais aussi une habitude a s'ancrer au sol ... même s'il faut également apprendre à être léger et discret comme un chat. Tentez ainsi de faire le moins de traces possible lorsque vous marcher pieds nus sur le sable. Les traces ne sont que très faiblement impactées par votre poids.
Enfin nous disposons d'arme en bois, ou réelles pour progresser. Réviser un enchaînement de techniques de jo, des suburis (exercice sous forme de coupe) au bokken en bois ou au sabre, pour aiguiser ses sens et travailler les détails un à un. En vous rappelant des consignes de votre enseignant.
La pratique ne se fait pas non plus de manière machinale
La répétition est une des clés de l'apprentissage mais celle-ci doit être intelligente et réfléchie. Pourquoi tel mouvement ? Fais je le bon mouvement ? Comment gagner en efficacité ? Comment économiser les gestes ? Ce sont des questions qu'il est bon de se poser lorsqu'on pratique à la maison, dans un bois, sur la plage ou encore au dojo. Attention, n'allez pas, tout de même, interrompre votre enseignant toute les cinq minutes ! Certaines choses se ressentent mais sont difficile à expliquer. D'autres viendront avec le temps.
Travailler "dans le vide" avec des attaquants imaginaires n'est pas dénué de sens. C'est ce qu'on fait lorsqu'on pratique un kata de karaté ou aux armes par exemple. Néanmoins, il ne faut pas oublier que la pratique passe par l'expérimentation avec l'autre, toujours dans une optique de progression et de ne pas se voiler la face. Certains mouvements sont quasiment impossible à réaliser en situation réelle.
Se dépasser, même seul.
La pratique doit être large et variée
Finissons avec d'autres pistes de réflexion. L'aïkido est une discipline riche, comme tout art martial, et requiert bon nombre de compétences pour être pratiqué correctement. Il y a quelques décennies, nous apprenions que les nageurs avaient de biens meilleurs résultats en sortant de l'eau et en passant des heures en salle de musculation. Autrement dit, même dans une situation qui a l'air écartée du sujet, nous pouvons progresser. Il serait bon alors de travailler sa coordination par d'autres pratiques sportives, travailler ses sens en forêt par exemple, ressentir les masses autours de nous, travailler le cardio avec un jogging matinal de temps à autre, marcher correctement en déplacement tout son corps, avec de l'intention, mais sans effort en préservant sa posture et sa droiture, se placer correctement dans un lieu, à l'écart du danger, savoir observer les gens, anticiper les querelles possibles pour peut-être les annuler au plus vite ou les éviter. C'est selon moi le cœur des arts martiaux. A l'image du secourisme, il vaut mieux connaître les gestes qui sauvent en espérant ne jamais en avoir recours.
Pour conclure la pratique martiale, pour être optimisée doit se faire :
en écoutant pleinement son enseignant
avec volonté et rigueur
de manière régulière
avec les autres
seul face à ses imperfections (auto critique évolutive)
de manière réfléchie et non robotique (la pratique devient de plus en plus spontanée)
en tenant compte de nombreuses informations, autres que la technique pure et dure.
Vincent Gayraud
2019
Kokyu en japonais peut avoir plusieurs significations, une qui me plait en particulier est la respiration ou le souffle.
Nage en fin de terme indique qu’il s’agit d’une technique aboutissant à une projection du partenaire.
La notion de respiration me parait intéressante. On peut parler là de la respiration de la technique comme de l’élasticité de celle-ci, l’élasticité des deux corps qui rentrent en relation dans la technique d’Aïkido. En effet les corps et ses différentes composantes vont être sollicités et en perpétuel mouvement durant l’ensemble de la technique. C’est ainsi qu’intervient le déséquilibre pour l’un et le contrôle de la situation pour l’autre, si le mouvement est correctement effectué. On peut comprendre la notion d’élasticité de la technique en voyant les deux personnes comme deux aimants s’attirant puis se repoussant à différents moments. Cela pourrait se percevoir sur l’ensemble des techniques martiales.
Là où vient la force de Kokyu Nage et l’intérêt de sa pratique c’est que le plus souvent cette technique s’imprime sur l’attaque d’Uke. Même si l’ensemble des techniques d’Aïkido doivent pouvoir se réaliser dans cette optique, je trouve que Kokyu Nage répond d’avantage à ce principe Aïki qui est de ne pas opposer la technique à l’assaillant mais de la voir comme la continuité de son attaque. Il devient alors évident qu’une attaque précise et franche (c'est-à-dire désirant atteindre un but et contraignant Tori ; pas forcément rapide mais constante) sera indispensable pour la réalisation de cette projection. Cette catégorie de technique, car il existe beaucoup de variantes du Kokyu Nage, est donc un bon outil pédagogique pour Uke mais aussi Tori.
Etre au cœur du mouvement, sans heurt
Sa pratique en ressortira certaines qualités :
D’un point de vu martial, une meilleure attaque et une meilleure adaptation à celle-ci ainsi qu’un panel technique supplémentaire. Pratiquer Kokyu Nage nécessite relâchement et précision.
D’un point de vu physique elle permet une forme olympique ! Pratiquée intensément, dû à sa rapidité et à son rythme d’exécution, Kokyu Nage permet la réalisation d’un nombre important de projections en un temps imparti plutôt court (cela en fait une prise potentiellement dévastatrice).
Enfin d’un point de vue social et humain, Kokyu Nage oblige les deux partenaires à travailler ensemble dans une même optique de progression continue. Tori devant s’adapter à Uke et inversement.
Vincent Gayraud
2016